
Réflexes et apprentissages
05/04/2025
Intégration des réflexes archaïques : entre fondements neurologiques et rigueur professionnelle
15/07/2025Les Réflexes Archaïques in utero
Avant même la naissance, le système nerveux du fœtus se structure et s’organise à travers des mouvements automatiques appelés réflexes archaïques. Ces réponses involontaires, orchestrées par le tronc cérébral et la moelle épinière, apparaissent progressivement au cours de la vie intra-utérine. Elles ne sont pas seulement des marqueurs du développement neurologique: elles jouent un rôle crucial dans la maturation motrice, la survie à la naissance et les premiers liens d’attachement.
- L’émergence des réflexes archaïques
Les premiers réflexes apparaissent dès la 5ᵉ semaine de gestation, bien que l’attachement soit déjà présent dès le projet de grossesse. Ils suivent une séquence bien ordonnée qui témoigne du développement progressif du système nerveux central. Leur apparition et leur intégration (disparition progressive) constituent des indicateurs précieux pour les pédiatres.
- Les réflexes archaïques et leur utilité
- Le premier réflexe à émerger est le réflexe de paralysie par la peur : Il émerge au stade embryonnaire dès 5 semaines. Il consiste en une rétraction de l’embryon lors d’épisodes de stress maternel. Observable dès la vie fœtale, il prépare l’enfant à se figer face à une menace. Ce réflexe commence à s’intégrer vers 12 semaines et disparaît vers 4 mois. Pendant l’accouchement, il module les réactions du bébé face au stress de la naissance. Ensuite le RPP ne se manifeste qu’en cas de danger vital. Il en va de même pour les autres réflexes. Après intégration, ils se rangent dans les coulisses du système nerveux pour réapparaitre uniquement en cas de nécessité.
- Réflexe de Moro : déclenché par une perte de repères ou un bruit soudain, il entraîne une ouverture puis une fermeture des bras. Il signale une activation du système nerveux et favorise l’appel au contact sécurisant.
- Réflexe d’agrippement (grasping) : le bébé ferme fermement la main lorsqu’on stimule sa paume, une réaction d’ancrage qui favorise le lien avec la mère. Ce réflexe apparait vers la 20 SA, après le développement des mains.
- Réflexe de Babkin : une pression sur la paume entraîne l’ouverture de la bouche. Ce réflexe coordonne la succion et la préhension.
- Réflexe de succion : déclenché par un contact avec la bouche ou le palais, il permet l’alimentation immédiate après la naissance.
- Réflexe d’attachement Ce réflexe oriente le nouveau-né vers sa figure de soin et soutient la relation affective.
- Réflexes favorisant le passage dans le canal de naissance
- Réflexe de Galant : une stimulation latérale du dos provoque une incurvation du tronc, facilitant la descente et la rotation dans le bassin maternel.
- Réflexe du Landau : extension du tronc et de la nuque, qui prépare la musculature posturale à la sortie et aux premiers redressements.
- Réflexe de l’allongement croisé : en réponse à une stimulation plantaire, une jambe s’étend pendant que l’autre se fléchit, soutenant la progression lors de l’expulsion.
- Réflexe de Pérez : la stimulation le long de la colonne entraîne une extension du dos et des membres, favorisant la progression.
- Réflexe de la radiation du nombril : des stimulations autour de l’abdomen déclenchent des contractions en spirale, utiles au mouvement de rotation intra-utérin.
- Réflexes RTAC, RTL, RTSC (réflexes toniques asymétriques, labyrinthiques et symétriques du cou) : ils participent à l’alignement céphalique, aux rotations et à l’organisation du tonus nécessaire lors de l’accouchement
- Réflexe de respiration : stimulé dès la sortie par le changement de pression et de température, il est vital pour la transition de la vie aquatique à la vie aérienne.
- Réflexe parachute : bras tendus en avant quand le corps est projeté vers le bas, prémisse de la protection contre les chutes.
- Le rôle des réflexes dans l’attachement
Au-delà de leur fonction mécanique et physiologique, les réflexes archaïques préparent aussi le lien d’attachement. Le Moro appelle la présence sécurisante, la succion nourrit et apaise, l’agrippement favorise le contact peau à peau. Ensemble, ces réponses automatiques créent un socle de sécurité sur lequel l’enfant pourra bâtir ses compétences sociales et affectives.
Conclusion
Les réflexes archaïques in utero ne sont pas de simples automatismes : ils constituent le premier langage corporel du bébé. Ils orchestrent la naissance, facilitent l’adaptation au monde extérieur et préparent les bases du lien d’attachement. Leur observation et leur compréhension offrent une fenêtre précieuse sur la maturité neurologique du nouveau-né et rappellent combien la vie psychomotrice commence bien avant le premier souffle.
Cécile Warrot, septembre 2025





