
C’est quoi, les réflexes archaïques?
22/02/2025
Réflexes et vie intra-utérine
08/05/2025Réflexes archaïques et apprentissages scolaires : mieux les intégrer pour mieux apprendre.
Et si certaines difficultés scolaires étaient liées à des réflexes infantiles non intégrés ?
Les réflexes archaïques, aussi appelés réflexes primitifs, sont des mouvements automatiques présents chez le nourrisson qui assurent sa survie et son développement neuromoteur. Normalement inhibés dans les premières années de vie, certains de ces réflexes persistent parfois au-delà de la petite enfance. Cette non-intégration peut interférer avec les apprentissages scolaires, comme l'ont démontré entre autres les travaux de Sally Goddard Blythe (Institut de Psychologie Neurophysiologique INPP), de Nancy O'Dell et de Miriam Bender (Université de Purdue, États-Unis).
Des fondations neurologiques essentielles
Votre enfant ou votre élève casse ses mines de crayons ou appuie très fort sur le papier en écrivant ? Il a du mal à rester en place, il gigote sans cesse ? Une mouche qui vole et hop ! on l’a perdu ? Il s’aide de son doigt pour suivre les lignes quand il lit, il se couche sur sa table quand il fait ses devoirs ? Si vous avez déjà pu observer ces comportements, alors cet article peut vous intéresser.
Les réflexes archaïques sont à la base du développement moteur, émotionnel et cognitif. Ils préparent notamment le système nerveux à l’autorégulation, à la coordination œil-main, à l’attention et à l’équilibre, autant de compétences indispensables pour apprendre efficacement à l’école. En effet, pour obtenir de bons résultats dans un environnement scolaire, un enfant doit pouvoir effectuer un certain nombre de tâches : rester assis, se concentrer sur une tâche sans être distrait par des stimuli environnementaux non pertinents, tenir et manipuler un instrument d’écriture, contrôler les mouvements oculaires nécessaires pour maintenir une image stable sur la page, suivre une ligne imprimée sans que les yeux « sautent » ou perdent leur cible et ajuster la mise au point visuelle entre différentes distance dans un délai normal.
Lorsqu’un ou plusieurs réflexes restent actifs, ils peuvent créer des tensions ou des compensations qui gênent la posture, la concentration, l’écriture ou encore la lecture.
Troubles d’apprentissage et réflexes archaïques : oui aux liens, non aux raccourcis !
Les troubles de l’apprentissage (DYS, TDA/H, …) ont des causes multifactorielles et se doivent d’être diagnostiqués par des professionnels compétents. Ils ne se « guérissent » pas, et ne sont pas la conséquence unique d’un réflexe archaïque mal intégré. Cette précision importante effectuée, il est juste de dire que les recherches et études de ces dernières années ont démontré qu’en contexte de troubles d’apprentissage, la présence d’un ou plusieurs réflexes archaïques persistant a pu être observée.
Voici trois exemples parmi les plus fréquents :
- Dyslexie et réflexe tonique asymétrique du cou (RTAC)
Le RTAC, qui tourne automatiquement la tête d’un côté et étend les membres du même côté, devrait normalement disparaître vers 6 mois. S’il persiste, il peut perturber la coordination œil-main et gêner le suivi visuel des lignes de texte, provoquant des inversions de lettres ou des sauts de mots fréquents chez les enfants dyslexiques. Selon Sally Goddard Blythe, une intégration incomplète de ce réflexe est souvent observée chez les enfants présentant des troubles de la lecture. Son « collègue » proche, le RTSC (réflexe tonique symétrique du cou), est fréquemment observé également dans les problématiques de dyslexie.
- Dysgraphie et réflexe d’agrippement palmaire
Ce réflexe, qui provoque la fermeture automatique de la main lorsqu’on stimule la paume, est essentiel à la préhension du nourrisson. Mais s’il n’est pas intégré, il peut créer une rigidité ou une crispation dans la main lors de l’écriture, menant à une mauvaise tenue du crayon, une pression excessive ou une écriture illisible. Les recherches ont montré que la libération de ce réflexe améliore significativement la fluidité graphique chez les jeunes élèves.
- Trouble de l’attention (TDA/H) et réflexe de Moro
Le réflexe de Moro, est une réaction de stress du nourrisson face à un changement brusque. Non intégré, il peut maintenir l’enfant dans un état d’hypervigilance chronique, le rendant facilement distrait, impulsif ou émotionnellement instable. Ces enfants peuvent sembler "sur le qui-vive", avec un seuil de tolérance au stress très bas. L’intégration de ce réflexe permet souvent un meilleur contrôle émotionnel et une amélioration de l’attention soutenue.
Vers une pédagogie corporelle complémentaire
Intégrer les réflexes archaïques par des mouvements rythmiques, des exercices corporels ciblés ou un accompagnement en kinésiologie des réflexes archaïques ne remplace pas les approches pédagogiques classiques, mais les complète efficacement. De plus en plus de professionnels de l’éducation et de la rééducation (psychomotriciens, logopèdes, ergothérapeutes, enseignants formés) intègrent ces notions dans leurs pratiques, avec des résultats encourageants.
Conclusion
Comprendre le lien entre réflexes archaïques et apprentissages scolaires ouvre une nouvelle voie d’accompagnement pour les enfants en difficulté. En aidant leur corps à maturer sur le plan neurologique, on leur offre un socle plus stable pour apprendre, se concentrer, lire et écrire. Et si intégrer ses réflexes était, en réalité, la première étape pour mieux apprendre ?
Bibliographie
- Sally Goddard Blythe, Le grand livre des réflexes, éd. Ressources Primordiales, Caen, 2020.
- Sally Goddard Blythe, Prêt à apprendre avec les réflexes, éd. Ressources Primordiales, Caen, 2021.
- Marie-Claude Maisonneuve, Maman, papa, j’y arrive pas !, éd. Quintessence, Escalquens, 2008.
- Nancy O’Dell – Patricia Cook, Le réflexe pour la concentration et l’apprentissage, éd. Ressoures Primordiales, Caen, 2020.