Les réflexes archaïques, aussi appelés réflexes primitifs, sont des mouvements automatiques présents chez le nourrisson dès la vie intra-utérine. Ils émergent, évoluent, puis sont inhibés ou intégrés au cours du développement neurologique normal de l’enfant.

Leur étude est une réalité scientifique bien établie : ils sont systématiquement abordés dans les cours de développement de l’enfant en psychologie du développement, en kinésithérapie pédiatrique, en psychomotricité ou en neuropsychologie (Goddard Blythe, 2005 ; Capute & Accardo, 1991). Lorsque ces réflexes ne s’intègrent pas ou persistent au-delà des âges attendus, cela peut être un indicateur de dysfonctionnement neurologique ou de retard de maturation du système nerveux central (Zafeiriou, 2004). Des réflexes non intégrés peuvent être associés à des troubles de l’attention (TDA/H), des difficultés de coordination, de posture ou de régulation émotionnelle (Goddard, 1996 ; Konic et al., 2022).

Il paraît donc cohérent et professionnel de chercher à les intégrer activement lorsque leur persistance est détectée, dans le cadre d’une évaluation clinique rigoureuse. De nombreux professionnels issus de disciplines médicales ou paramédicales – tels que des posturologues, médecins, ostéopathes, logopèdes (orthophonistes), kinésithérapeutes et psychologues , utilisent cette approche comme complément d’autres évaluations et thérapies.

Cependant, une dérive problématique est observée lorsque des personnes non formées s’approprient ces méthodes, sans bases neuroscientifiques solides, et prétendent obtenir des résultats "miraculeux". Cette pratique, en plus de manquer de rigueur, dénature la valeur clinique réelle de ces outils. Il est éthiquement et professionnellement inacceptable de proposer des solutions simplistes à des problématiques multifactorielles, complexes, qui exigent une évaluation globale et interdisciplinaire.

Il est également important de souligner que si l’approche par les réflexes archaïques n’est pas une solution miracle, elle constitue un outil précieux dans une boîte à outils thérapeutique plus large. Elle repose sur la compréhension des bases neurologiques du développement moteur, sensoriel et cognitif (Berne, 2006).

Son efficacité dépend du contexte d’application, de l’expérience du praticien, et de l’intégration avec d’autres approches. Ainsi, il ne s’agit pas de convaincre à tout prix, mais d’agir avec conviction fondée, en conscience de la complexité du système nerveux, et en respect des exigences éthiques du soin et de l’éducation.

Daphné Discart, juillet 2025